Il était une fois, la suite laborieuse d'un remake fauché. 2001 Maniacs : Field of screams - 2010

Mon enthousiasme débordant à vouloir découvrir de nouveaux films m'a joué un bien mauvais tour dernièrement quand je décidai de regarder, sans vérification préalable, un dvd récemment distribué par Zylo (sorti en France le 19 janvier 2012), et que je crus être le remake du film de Hershell Gordon Lewis, 2000 Maniacs (1964).
Pensant déjà à la sympathique chronique que je ferais après visionnage, mon enthousiasme s'évanouit dès les premières minutes du film... 2001 Maniacs : Field of screams étant la suite du remake !


Longtemps appelé 2001 Maniacs : The Hillbillies Have Eyes, la suite du premier film de Tim Sullivan devint 2001 Maniacs : Field of screams.
Le scénario dut être allégé par manque de temps et un budget réduit à une peau de chagrin. L'idée première d'emmener nos rednecks cannibales sudistes de Pleasant Valley sur les collines de Los Angeles se transforma en un simple périple champêtre : une équipe de télévision perdue au fin fond de l'Iowa, les Deux-Sèvres français (1). C'est dire le maigre budget alloué à l'équipe !


Les Maniacs, sorte de white-trash zombies, et néanmoins confédérés (sic !), sortis tout droit de 2001 Maniacs (tout le monde suit ?), se désespèrent de ne pas avoir de nouvelles victimes nordistes à se mettre sous la dent. 
Ils décident donc de quitter leur cher Sud (pas facile à prononcer « cher Sud »), en créant une foire itinérante. Direction le Nord et plus exactement le Middle-West !
La jeune équipe de production d'une populaire émission de télé-réalité Road Rascals va alors croiser la route de nos Maniacs. Ravie de pouvoir utiliser la fête organisée par les chaleureux et rustiques membres de cette foire itinérante, la productrice de l'émission oblige ses deux vedettes (des clones de Paris Hilton et de Nicole Ritchie) à participer au spectacle "gorgantuesque" organisé par ces artistes sudistes.


Tim Sullivan retrouve son équipe de 2001 Maniacs, mais sans son acteur principal, Robert Englund (pourtant l'unique garant de la crédibilité de ce projet périlleux). Il sera remplacé par Bill Moseley (le terrifiant Chop-Top de Massacre à la Tronçonneuse 2). Les autres acteurs principaux de 2001 Maniacs sont, eux, encore de la fête : Lin Shaye (Mamie Boone) et la sulfureuse Christa Campbell (Marie la Laitière), tandis que l'acteur Ahmed Best (Jar-Jar Binks dans Star Wars : La Menace Fantôme) rejoint les sudistes déjantés.


Désirant garder le contrôle total de son film, le réalisateur Tim Sullivan a dù se contenter d'un bugdet minuscule, limitant par conséquent son scénario au strict minimun. L'accumulation de clichés lourds et de 12 jours de tournage seulement vont terminer d'embourber le réalisateur de Driftwood (2006) dans une réalisation mal maitrisée, voire ratée. Pas la peine d'espérer retrouver des clins d'œil cinématographiques ou des dialogues devenus cultes issus de son premier remake, seuls les fans de 2001 Maniacs sauront apprécier "l'œuvre". D'ailleurs la jaquette française du dvd résume assez bien la situation : "Le dernier volet de la trilogie des Maniacs tant attendu par ses fans !" parce que, croyez-moi, les non fans peuvent passer leur chemin.


Bien sûr, on peut noter la volonté du réalisateur de vouloir dénoncer la culture populaire américaine (la téléréalité genre The Simple Life ou la génération MTV), mais devait-il se mettre au niveau de cette même sous-culture, en utilisant un humour prépubère, raciste et homophobe ?
Exemple : "C'est Jésus (2), il va nous sauver !" ou "quelle est la différence entre un israélien et un israélite ? 100 calories," dixit le chef des cannibales en désignant l'une des victimes qui arborent fièrement des papillotes.
Une réplique du film est à retenir toutefois (3) :"Toute ma vie, j'ai gardé mon cœur dans le placard, mais ces derniers temps, c'est mon c... qui arrête pas d'en sortir", etc...

J’imagine quelques rictus amusés de certains lecteurs, mais quelle lourdeur tout de même, le film durant 90 minutes !

A des années-lumière de 2000 Maniacs de H. G Lewis, Tim Sullivan a oublié les codes du Slasher et surtout du Gore, pour jouer la seule carte du mauvais goût, et en plus pas drôle du tout.
Pourtant, et là mon enthousiasme reprend le dessus, Tim Sullivan n'en reste pas moins celui qui a réussi, avec son premier film, à remettre d’actualité un classique du film Gore réalisé il y a plus de 48 ans !


(1) Sans les petits lapins de Freddy... Comprenne qui peut !
(2) Jésus étant le prénom de l'un des jeunes techniciens de l'émission
(3) Pour les moins sensibles d'entre nous tout de même.

Post-scriptum de la Dame : découvrez d’autres films sur Cinetrafic dans la catégorie Film d'horreur et la catégorie Film gore.

Titre original : 2001 Maniacs : Field of screams
Réalisation : Tim Sullivan
Scénario : Chris Kobin et Tim Sullivan
Production : Tax Credit Finance
Pays : USA Genre : horreur, comédie
Durée : 84 minutes
Année : 2010


3 commentaires:

  1. Excellente chronique d'un film qui ne l'est pas... mais alors pas du tout!
    Restera la fameuse réplique susmentionnée ^^

    Ensuite, 12 jours pour faire un tel film c'est à la fois une gageure et trop vu le matériau!

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  2. 12 jours, c'est 6 de plus que bien des films de Corman, nettement plus inspiré, sans doute.
    Pour le reste, chère Dame, votre ingéniosité à vous lancer dans pareilles errances vidéographiques, à l'aveuglette qui plus est, me laisse totalement sans voix.

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  3. 12 jours de tournage peuvent en effet expliquer une réalisation "hasardeuse", voire improvisée. Quant à Roger Corman, la différence avec Tim Sullivan, c'est sans doute son génie : il réussissait en quantité des films de qualité... souvent :-P

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