Nowhere to run, nowhere to hide. The Warriors - 1979

Le réalisateur américain Walter Hill réalise en 1979 un film devenu culte (1) The Warriors (le titre français Les Guerriers de la nuit sera pour une fois bien choisi (2)).

Alors que l’affiche de l’époque scandait : «Voici les armées de la nuit. Ils sont 100 000. Ils sont cinq fois plus nombreux que les flics. Ils pourraient diriger la ville de New-York», provoquant immanquablement le tollé général chez les forces de l’ordre, le film n’aura eu pourtant qu’un succès populaire mitigé à sa sortie en salle, et n’aura pas fait naître de vocation guerrière chez le délinquant en herbe des banlieues ghettoïsées des grandes métropoles du début des années 80. Les banlieues ne se réveilleront véritablement que dans les années 90, mais nous y reviendrons plus tard si vous le voulez bien… et même si vous ne le voulez pas, c’est moi qui décide, étant la chef de gang sur ce blog !
Le leader du plus puissant gang de New-York a réuni, au cœur de la nuit et du Bronx, les principaux représentants d’une centaine de bandes régnants dans les bas quartiers de la ville. Tel un gourou devant ses adeptes, il annonce son projet mégalomane : regrouper tous les malfrats pour commander cette nouvelle armée prête à en découdre avec la police.
Mais son projet démentiel est contré par le chef psychopathe d’un gang frondeur qui l’abat sans raison. Il se dépêche d’accuser le chef du petit groupe des Warriors qui est le seul gang à l’avoir vu tirer.
Une descente de police disperse alors l’assemblée, et chacune des confréries n’a plus qu’une idée en tête : être celle qui retrouvera la première les Warriors pour les tuer et venger ainsi la mort de leur chef.
Commence alors pour les Warriors un long périple nocturne contraints de se livrer à de terribles combats de rue pour rejoindre leur quartier sains et saufs. C’est dans une interminable déambulation nocturne que les jeunes garçons, flanqués d’une nouvelle recrue marginale, verront enfin leur innocence prouvée sur la plage de Coney Island, leur territoire retrouvé, au lever d’un soleil salvateur dissipant ainsi les moiteurs d’une nuit sanglante. Je sais, c’est une très belle fin, mais la bande originale est bien plus belle encore. Il suffit de (ré)écouter les titres de Desmond Child (Last of An Ancient Breed), Arnold McCuller (Nowhere To Run), Joe Walsh (In The City) pour le comprendre.


The Warriors est un film qui a gardé encore aujourd’hui toute sa puissance visuelle grâce à la maitrise d’une réalisation nerveuse où les scènes très réalistes de rixes se succèdent dans une chorégraphie stylisant la violence, rappelant ainsi cette volonté si particulière à l’époque (3) d’afficher ses couleurs et d’avoir « the Attitude » (même dans la violence) pour s’affirmer et prouver son appartenance à un groupe.
Même si de nos jours la volonté principale d’un gang n’est plus de contrôler un quartier (territoire) pour imposer ses propres règles et couleurs, mais plutôt gérer l’économie souterraine (trafic de drogue, crime organisé, etc...); le film de Walter Hill intéressera surtout la jeune génération plus intéressée par les prémices d’une imagerie urbaine et populaire, inexistante dans les médias de l’époque, et qui influencera toute une génération d’artistes underground (les musiciens de N.W.A ou Public Enemy entre autre) plutôt que de les inciter aux émeutes.


Mais on peut quand même se demander si cette armée si bien dépeinte dans le film de Walter Hill finira un jour pas se constituer, prête à une prochaine guérilla urbaine.
Les dramatiques et médiatiques évènements de mars dernier à Toulouse ont remis le sujet des violences urbaines d’actualité, et cette année les médias ne manqueront de rappeler une certaine date anniversaire : le 29 avril 1992 débutèrent les émeutes à Los Angeles où durant 6 jours, en représailles à l’acquittement des quatre policiers qui passèrent à tabac un afro-américain arrêté pour un simple excès de vitesse. Les gangs les plus puissants de la ville utilisèrent ce soulèvement populaire pour s’allier et imposer leurs revendications au pouvoir local jusqu’à ce que les Marines soient envoyés pour rétablir l’ordre.


Post-scriptum de la Dame : Tony Scott réalise actuellement un remake dont l’histoire se déroulera à Los Angeles. Il existe un jeu vidéo très populaire type beat them all sorti en 2005 sur PlayStation 2 et Xbox.


(1) Je rappelle ma définition du mot Culte : une poignée, et une seule (sic), d’admirateurs porte un intérêt particulièrement fort et constant à un film dès sa sortie en salle, alors qu’il ne suscitera que peu d’entrain aux yeux du plus grand nombre. Clamer par exemple que le film Intouchables est un film culte est, non pas une hérésie, mais une stupidité désespérante, enrobée d’un relent communautaire inquiétant (le film communautaire étant devenu par ailleurs le thème de prédilection du cinéma français actuel).

(2) Clockwork orange devient Orange Mécanique, Blood Simple se traduit par Sang pour Sang, The Hangover et Very Bad Trip sont un seul et même film, etc… Je vous laisse compléter la longue liste de ces traductions françaises très aware

3) Je pense au fameux clip vidéo The Message de Grandmaster Flash pour le côté « the Attitude » des gangs de l'époque du film.

Titre : Les Guerriers de la nuit
Titre original : The Warriors
Réalisation : Walter Hill
Scénario : David Shaber et Walter Hill, (d'après le roman Les Guerriers de la nuit de  Sol Yurick)
Musique : Barry De Vorzon
Directeur de la photographie : Andrew Laszlo
Producteurs : Lawrence Gordon, Frank Marshall, Joel Silver
Société de production : Paramount Pictures
Pays : États-Unis
Genre : Action
Durée : 92 minutes

Année :1979

5 commentaires:

  1. la b.o. du film n'étant jamais sortie j'ai si tu veus un mix de 30 minutes concocté par un ingé son et publié sur un obscur site maintenant défunt

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  2. Merci Diane ! Je prends je prends ! J'ai une BOF que notre bon docteur Furter m'avait trouvée, comme ça j'aurai deux petits trésors :-)

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  3. c'est peut-etre la même on a des sources similaires

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  4. Décidément, c'est marrant, j'ai revu ce film il y a une semaine.
    Voilà, ça c'est un commentaire !

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  5. Bah c'est un commentaire qui vient du coeur, c'est déjà bien :-)

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