"Nous avons existé, telle est notre légende"

Il y a des films, des œuvres diverses qui nous accompagneront toujours. Ces œuvres nous ont interpellé à un moment donné, pour nous marquer à jamais. Elles nous auront peut-être aidé à comprendre des événements difficiles dans notre vie, voire à avancer vers un renouveau. Il y a aussi des livres qui racontent des histoires caractéristiques, sorte d'échos à notre existence. Je n'évoque pas les livres inspirés du développement personnel qui débordent dans les rayons des librairies, sous promesse de résilience (le terme est à la mode !), mais le premier roman bouleversant de l'auteur Jérome Baverey.


Octobre 2019. 
Une histoire d’amour s'achève par la rupture incompréhensible de celle qu'il pensait être son « âme sœur » rencontrée trois ans plus tôt. Après un an, resté seul avec les souvenirs de « ces bonheurs vécus, éléments scintillants et célestes d'un accord parfait », l'auteur Jérome Baverey nous fait partager avec pudeur et sans amertume, cette histoire d'amour sublimée dans une glorification des sentiments à la fois très personnelle, mais pourtant bien éternelle. 

La Dame dans le radiateur a découvert « par hasard » (si le hasard existe) ce roman autobiographique au titre éloquent : Bonheurs perdus, provoquant chez la Dame, la réminiscence de stigmates mélancoliques. Son intuition ne s'était pas trompée et les extraits sur le site éditeur achevèrent de la pousser à commander ce roman racontant les souvenirs aussi pudiques qu'exaltants d'une histoire d'amour sur fond de passion cinéphile et musicale, et dont la fin « injuste » ne pouvait que toucher la Dame ! Il n'est pas nécessaire d'être un lecteur cinéphile averti et avoir connu une belle romance pour être marqué par ce livre. La force d'un récit - inspiré ou non d'une histoire vécue – est d'emporter le lecteur dans un univers qui lui est propre, mais qui lui fait ressentir des émotions fortes et sincères. Bonheurs perdus, nous raconte l'amour vrai et inattendu qui surgit dans la vie d'un homme qui depuis l'adolescence consacrait son temps libre à la passion du cinéma et de la musique. Un peu renfermé dans cette confortable et rassurante bulle, il est convaincu que son mode de vie presque atypique ne peut correspondre à une vie de couple (1). Pourtant, un jour sans que cet homme s'y attende, il croise le chemin de LA femme dont il n'osait seulement à peine rêver. Cette femme va porter un réel intérêt à son univers, puis à sa personnalité marquée par le monde du cinéma et de la musique (Il l’emmènera très vite écumer les festivals de films de Cannes à Locarno). Cet être à la personnalité forte et fine d'esprit saura éveiller le désir en lui, et cette envie toute nouvelle de vouloir vivre un jour une vie de couple. 

Paris tient une part belle dans cette histoire piquante et magnifiée qui commence alors entre cet homme et cette femme dont le désir de vivre une aventure passionnante se ressent dans chacun des bonheurs qui sont dépeints, en particulier, une de ces scènes (tableaux) racontant une soirée à l'Opéra Garnier, où l'auteur ne cesse de lever les yeux afin d'admirer le magnifique plafond peint par Chagall. Les théâtres et les concerts, les promenades dans les jardins parisiens, véritables havres de paix, estompant l'agitation des grandes avenues, sont aussi des témoins de ce bonheur complice, les librairies spécialisées, évocation d'un Paris disparu - celui des cinémas de quartier - vont les entraîner bien évidement à la Cinémathèque de Paris, découvrant les expositions grandioses comme celle de Sergio Leone. L'auteur décrit avec pudeur, et avec une plume trempée dans une émotion poignante, ces moments de bonheurs marquants, où l'être tant chéri se trouve toujours à ses côtés. 

Dans son roman, Jérome Baverey, pose régulièrement cette question : « Je ne sais pas pour les autres, mais... ». Nombreux – je l'espère – sont ceux qui ont connu ces moments de grâce, où nous sommes certains d'être au bon endroit avec la bonne personne. Ce roman bouleverse autant qu'il apaise car il nous fait partager et (re)vivre à la fois les bonheurs « révolus » d'un amour entier, mais ces instants parfaits, ne disparaitront jamais, car ils ont fait de ceux qui les ont vécus ce qu'ils sont : des êtres à jamais sensibles et sincères. Le roman est parsemé de nombreuses anecdotes bouleversantes qui montrent bien la sincérité de cet homme qui s'est battu pour entretenir l'amour qu'il porte à cette femme : « Cela ne m'empêchait pas de vous déposer devant ta porte les week-end où tu étais avec lui (2), quand je passais devant chez toi au retour de la boulangerie, des croissants et des gâteaux dont un éclair qui était (et est toujours je l'espère) son pêché mignon.» 

Le côté cinéphile de la Dame dans le radiateur, lui fait évoquer l'idée d'un film mettant en scène cette histoire d'amour. On y verrait le pittoresque jardin anglais de l'Aimée, les week-end en Italie, l'effervescence du festival de Cannes, la légèreté des fêtes de Noël, la folle fuite du couple après un dîner au restaurant sans payer, etc... 

Qui sait si ces deux êtres ne se retrouveront pas un jour ? C'est ce que la Dame leur souhaite, mais si ce n'est pas le cas, ces bonheurs ne se seront jamais totalement perdus, car l'auteur a su les faire partager dans une bouleversante ode à l'Amour, dédicacée à l'âme sœur. Alors, qu'il destinait cette histoire à une sorte de catharsis libératrice (pardonnez le pléonasme), Jérome Baverey s'est laissé convaincre par son entourage, et a décidé de publier son récit autobiographique, dans un style simple et profond, toujours emplis de pudeur et d'émotion. Il emmène son lecteur dans un beau et tendre road-movie, comme un clin d’œil au Cinéma qui lui est cher, faisant partager de magnifiques endroits tout en gardant une part introspective à ces bonheurs vécus. 

Son second roman est déjà attendu par la Dame dans le radiateur, à noter qu'il devrait être entièrement destiné au 7e Art ! 

Mais il est temps de tourner la page... Extraits : 

« A une époque où l'on pourrait remettre en doute le bien-fondé des religions qui ne sont que des sources de haines et de conflits entre les peuples du monde, ma religion à moi c'est le cinéma et ce depuis tout petit. » 

« Tu as trouvé ça « tellement génial et romantique » de se rapprocher sur un album et de s'éloigner sur le suivant. » 

« Je retournerai surement dans tous ces endroits où notre histoire a laissé des souvenirs qui n'appartiennent qu'à nous. Mais j'y retournerai seul. Je ne les ferai découvrir à personne d'autre. Ils font partis de notre jardin secret, de notre univers. Jardins désormais un peu triste, mais aussi beau et mélancolique que ton jardin anglais. Jardin que je m’efforcerai de venir entretenir de temps à autre afin qu'il se rappelle à nous et ne meure jamais. » 


Titre : Bonheurs perdus
Auteur : Jérome Baverey
Reliures : Dos carré collé 
Formats : 11x17 cm 
Pages : 121 
Impression : Noir et blanc 
N° ISBN : 9782957706808 
Prix : 8€50

(1) Consacrer sa vie, en tout cas tous ses loisirs depuis l'adolescence, à la passion du cinéma ou de la musique, c'est un peu refuser un certain conformisme, car on sait pertinemment que cette passion dévorante sera difficilement partagée avec une autre personne.

(2) Lui, incarnant le fils de l'être aimé.

Post-Scriptum de la Dame : Le titre de cet article est extrait du poème La disparition, dans le recueil La poursuite du bonheur de l'écrivain chouchou de la Dame : Michel Houellebecq.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire