Une trentenaire, Carla Moran, et non pas Clara Morgane (1), élève seule ses trois enfants dans un pavillon de Los Angeles. Une nuit, elle s’enfuit de chez elle avec ses enfants après s'être faite violer par ce qu’elle décrira à sa meilleure amie être « quelque chose » à la force phénoménale.
Le psychiatre qu’elle va consulter lui explique que ce qu’elle imagine être des agressions est sans doute causé par ses « difficultés familiales » : l’éclatement de la famille et le concept de la jeune mère célibataire étant considérés à la fin des années 70 comme un mode de vie encore marginal.
Pourtant, une équipe de parapsychologues s’intéresse à cette femme et à son histoire incroyable.
Une réplique de la maison « hantée » est alors construite sans le toit afin de capturer l’entité. Je ne veux pas donner la raison de cette particularité pour ne pas dévoiler la scène finale...
C’est bien sûr la représentation des scènes d'agressions sexuelles qui fait la particularité de ce film fantastique de 1982. Les effets spéciaux restent sobres, ainsi la crédibilité de l’histoire est d’autant plus renforcée.
Dans le générique de fin, on apprend que ce film est inspiré d’une histoire vraie : dans les années 70-80, beaucoup de films fantastiques étaient réalisés d’après des histoires vécues : les plus connues étant l’histoire d’Audrey Rose de Robert Wise, d’après le roman de Frank De Felitta (auteur de The Entity). A noter que Robert Wise, le réalisateur du sublime The Haunting a, pour sa part, largement inspiré le réalisateur de The Entity, Sydney J Furie. Les films Amityville et L’Exorciste ont eux-aussi surfé sur la vague seventies des manifestations occultes.
La particularité de cette « emprise » est donc ses terribles scènes de viols ectoplasmiques : rarement un film aura été si loin dans la représentation de manifestations liées aux incubes ! L'actrice principale du film, Barbara Hershey, obtiendra d’ailleurs le prix d’interprétation au festival du film fantastique d’Avoriaz en 1983. La scène où le corps invisible de l’esprit « s’allonge » sur la comédienne est, malgré la sobriété des effets spéciaux de l'époque, terrifiante pour le spectateur devenu voyeur malgré lui. Il faut observer l’expression d’horreur de Clara quand elle ressent l’impact des doigts « invisibles » sur son corps nu !
Traumatisant 31 ans après .
The Entity est un film éprouvant pour les nerfs : entre chacune des scènes d’agression, de longues explications scientifiques et des scènes de vie quotidienne à l’atmosphère calme et feutrée annoncent l’imminence des violentes attaques de l’entité.
La mise en scène nerveuse de Sydney J Furie, dont les prises de vues sont ici originales et bien exploitées, ainsi que la musique puissante et sublime de Charles Bernstein (Qu’est-il arrivé au bébé de Rosemary ?, Cujo, Les Griffes de la nuit) renforcent le climat oppressant et malsain qui émane de ce film.
A découvrir au plus vite mais à réserver à un public averti.
Post-scriptum de la Dame : deux des scientifiques qui ont rencontré la « vraie » Carla Moran, ont été conseillers techniques du film.
Réalisation : Sidney J. Furie
Scénario : Frank De Felitta, d'après son roman
Production : Michael Leone, Andrew Pfeffer et Harold Schneider
Musique : Charles Bernstein
Photographie : Stephen H. Burum
Pays : États-Unis
Genre : Horreur
Durée : 125 minutes
Sortie en France : 23 février 1983 avec une interdiction aux moins de 12 ans
(1) Un jeu de mot très prévisible mais de bon aloi !
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